Un projet d’unité de méthanisation

 La séance du conseil municipal de Wissembourg, vendredi soir, a essentiellement été consacrée à la présentation par les responsables de l’EARL Mittenbuhler de leur projet de construction d’une unité de méthanisation à Altenstadt.

Le digesteur

quote Biométha SAS - Niederlauterbach   (Demande d'examen du 03/03/2017)

quote Pays d'Alsace du Nord   (Site officiel du Pays d'Alsace du Nord)

quote Inquiétudes après l'accident de Niederlauterbach à l'EARL Mittenbuhler - 63 bovins sont morts !   
    (DNA du 25/10/2017)

 La méthanisation est un processus naturel de dégradation biologique de la matière organique dans un milieu sans oxygène, due à l’action de multiples micro-organismes (bactéries). Elle produit un gaz appelé « biogaz », composé principalement de méthane, qui lui octroie une vertu énergétique : le biogaz est valorisable sous forme d’électricité, de chaleur, ou injectable dans le réseau de gaz naturel.

 C’est cette dernière option qui a été privilégiée par Thierry et Damien Mittenbuhler de l’EARL familiale éponyme de Niederlauterbach. Les deux frères souhaitent construire une unité de méthanisation à proximité du réseau d’Altenstadt, en l’occurrence sur l’ancien terrain de foot voisin de l’usine Sitek Insulation (anciennement Thermal Ceramics), route de Lauterbourg — soit à un kilomètre environ des premières habitations.

 De quoi alimenter en gaz l’équivalent de 6 000 habitants

 Le projet est guidé par plusieurs motivations, ont-ils expliqué vendredi soir aux conseillers municipaux wissembourgeois : valoriser les effluents de ferme et les déchets de l’industrie, des supermarchés et des collectivités ; diminuer le recours aux engrais minéraux, la méthanisation produisant également un résidu, le digestat(*), utilisable en tant que fertilisant pour l’agriculture ; produire de l’énergie avec des ressources renouvelables et locales ; et diversifier les revenus de leur entreprise, dans une conjoncture difficile pour les agriculteurs.

 L’unité serait dimensionnée pour accueillir un peu plus de 30 000 tonnes de matière brute par an, soit environ 85 tonnes par jour : près de la moitié serait constituée par des matières non agricoles provenant de l’industrie agroalimentaire, 30 % par des effluents d’élevage (essentiellement du lisier de bovins, mais également du fumier de bovins et de volailles), et les quelque 20 % restants par des matières végétales agricoles (herbe, paille, cannes de maïs). Leur méthanisation permettrait de produire 19 gigawattheures, soit de quoi alimenter en gaz l’équivalent de 6 000 habitants.

 Sans surprise, les élus, et au premier chef le maire délégué d’Altenstadt Jean-Claude Huck, se sont surtout inquiétés des potentielles nuisances olfactives. Thierry Mittenbuhler s’est voulu rassurant : « Avant leur méthanisation, les matières entrantes seront stockées dans le bâtiment, à l’abri du vent et du soleil. Les quatre grandes cuves dans lesquelles s’effectue le processus par chauffage seront quant à elles hermétiquement fermées. Le biométhane produit n’a aucune odeur — il faut même l’odoriser pour qu’une éventuelle fuite puisse être détectée. Cela dit, le biogaz contient aussi du soufre : mais il va être cristallisé et retomber dans le digestat, ce qui supprime quasiment l’odeur d’œuf pourri. Le digestat ne sent presque pas : au moment de l’épandage, c’est appréciable par rapport aux fientes ou au fumier. Nous avons d’ailleurs un accord avec la ferme Hégé du Schafbusch, qui nous apportera une partie de ses fientes, et fera donc moins de compostage : là aussi, on réduit les nuisances. »

(*)  Le digestat sera stocké à HOFFEN et à NIEDERLAUTERBACH, et sera répandu sur les terres agricoles de toute l'Alsace du Nord

 Les élus préoccupés par les odeurs et le trafic routier

 L’autre préoccupation des conseillers municipaux a concerné la circulation routière. « Ça représente entre un et deux camions par jour, davantage en période de récolte, mais ça sera concentré sur cinq ou six jours par an », a indiqué Thierry Mittenbuhler. Ce qui ne colle pas avec les calculs de l’élu d’opposition Joseph Fischer (Ambition 2020) : « Vu les tonnages annoncés, on est plutôt à cinq camions par jour ouvré ! » « Ce sont uniquement les matières agricoles qui viendront par camion, a corrigé Damien Mittenbuhler. Mais effectivement, pendant les récoltes, on pourra avoir une vingtaine de voyages par jour. »

 Un surcroît de trafic supportable, selon le maire Christian Gliech : « On est dans une zone industrielle, où passent déjà entre 4 000 et 6 000 véhicules par jour. Surtout, pour faire de la méthanisation, il faut de la chaleur : celle produite par l’usine Sitek, qui aujourd’hui ne sert à rien, pourrait ainsi être utilisée. C’est une double valorisation, avec celle des déchets. Ce projet va dans le sens de notre souhait que Wissembourg dispose à terme d’une autonomie énergétique. Et de surcroît, il créerait trois emplois. »

 Pour que les élus puissent se faire une idée plus concrète — avec les yeux et avec le nez —, Thierry et Damien Mittenbuhler les ont invités à visiter en leur compagnie une installation de méthanisation dans une ZI à côté de Germersheim dans le Palatinat voisin. Du reste, toute activité impliquant le traitement de déchets étant soumise à autorisation, le projet fera l’objet d’une enquête publique.

 Dernières nouvelle d'Alsace du 31 mai 2016

   


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