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même dans plusieurs autres pays. Ainsi qu’on l’a vu dans d’autres scandales récents, un lobby
industriel a investi les technostructures de Bruxelles, puis il a réussi à imposer un système aux pays
européens sans aucun débat démocratique. On retrouve les mêmes argumentaires dans les dossiers
des promoteurs de tous pays
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.
Les profits accumulés sont tels et si peu transparents, que les
soupçons de corruption à grande échelle sont renforcés, comme le soulignait une émission de radio
sur une chaine nationale
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.
De toute l’Europe, les messages négatifs affluent : Espagne, Portugal, Grande Bretagne, Allemagne,
USA : il n’est pas un seul pays où le gouvernement ne sait plus comment se dépêtrer de ce dispositif
absurde. Aux USA, les deux candidats n’ont pas remis en question la suppression des aides(PTC) par
le Congrès dès fin 2012. Depuis janvier 2012, le ministre espagnol de l’énergie José Manuel Soria a
confirmé l’arrêt de tout soutien à ce secteur. Plusieurs collectivités locales, comme Albacete, n’ont
droit qu’à un service minimum, dans l’impossibilité de payer leur note d’énergie. Sur injonction de
Bruxelles et du FMI, le Portugal a stoppé toutes les licences depuis mi 2011. Les recours contre les
aides se multiplient en Allemagne comme en France. Depuis l’année dernière, le gouvernement
britannique connait une grave crise interne à propos du financement de l’éolien avec l’appel solennel
de 100 députés de la majorité pour l’arrêt immédiat du système éolien. Le nouveau ministre de
l’énergie, John Hayes, a publiquement déclaré sa décision
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d’arrêter tout nouveau projet éolien.
David Cameron a dû tenir plusieurs réunions de crise avec les compagnies d’électricité pour tenter de
limiter une hausse des tarifs de 40 % sur deux ans. C’est probablement cette série d’évènements qui
provoquera l’effondrement des dominos. L’appât illimité du gain a asséché toute capacité de
recherche et d’innovation, ainsi que toute responsabilité sociétale.
Non seulement ce secteur n’a créé que 10 % des emplois prévus, mais chaque nouvel emploi « vert »
supprime 3.7 emplois dans l’économie classique, ainsi que le démontre l’excellente étude de Verso
Economics
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à partir de l’expérience écossaise, pourtant la plus volontaire.
2.
Le commencement de la fin
L
ES CONSTRUCTEURS
Les signes les plus apparents commencent avec les indicateurs financiers publics des acteurs de
l’éolien. Le leader mondial, Vestas, voit ses actions chuter de 83% en un an. Sa valeur vient de
tomber de moitié en un seul mois. Les licenciements, d’abord annoncés par centaines, tombent par
milliers : d’abord 1650 emplois, puis 2200 et 2000 supplémentaires dans le second semestre 2012. La
chute est tellement grave que Vestas a disparu de l’indice MSCI de la bourse de Copenhague fin mai
dernier après avoir été l’une des valeurs phares de cet indice, avec 65 % de chute en 2011, et encore
35 %
en 2012. Après avoir coté jusqu’à 700 DKK en 2009, Vestas vaut 4% de sa valeur de 2009 :
l’action est aujourd’hui divisée par …25 ! à 30 DKK et en-dessous. Les évolutions boursières se
ressemblent, montrant que la conjoncture est générale. La comparaison des deux principaux
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Service Public- France Culture 29 mai 2012
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Verso Economics : Worth the candle ? – mars 2011
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