5
3.
Une industrie moins « propre » qu’il n’y parait
Cette tentative de planification improvisée au niveau européen, déjà si délicate au niveau national,
tourne à l’absurde. Il fallait trouver un gadget répondant à l’effet de mode, qui permette aux
politiques des deux camps d’avoir la paix avec quelques milieux se servant de l’écologie pour faire de
la politique. D’une part, la technologie éolienne des grandes hélices tripales est hasardeuse,
polluante et obsolète. D’autre part, elle est lancée à grande échelle comme si on décidait d’un coup
de construire des autoroutes pour un seul modèle de voiture qui n’aurait même pas été testé. Seuls
quelques conseillers ou experts ont décidé du lancement de ces projets (comment ? avec qui ? ). Le
pouvoir politique a prononcé quelques avis mineurs sur le « comment ». Encore a-t-on guidé sa
plume, et même parfois discrètement consenti quelques générosités connexes. Quelques banquiers
d’affaires avisés ont sans doute accordé leur inventivité et leur alchimie à des systèmes de trading
financier qui contribuent un peu plus à la spéculation mondiale actuelle, notamment dans les
couloirs de la Conférence sur le Climat de Copenhague en 2009 , qui n’a pas été un échec pour tout le
monde.
Bien plus, l’introduction improvisée de ces techniques s’est faite sans préparation des réseaux de
transport d’électricité qui n’étaient pas prévus pour ce type de distribution. Des investissements
considérables, également supportés par les consommateurs particuliers ou entreprises, vont s’avérer
nécessaires pour renforcer les réseaux et renchérir encore ces augmentations déjà insupportables
(
dispositif TURPE) pour 3 à 5 euros supplémentaires au Mégawatt/heure, hors facture énergies
renouvelables. Les pertes d’électricité produite pour rejoindre le réseau atteignent jusqu’à 20% en
ligne alors qu’elles pourraient être consommées sur place. Plus on choisit des sites isolés pour abuser
quelques maires ruraux
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ou rencontrer des contestations isolées et démunies, plus on augmente les
pertes de réseau. Dernier point, comme l’électricité n’est pas stockable, ces solutions « d’énergie
renouvelable » amènent à payer au plus cher l’électricité qui a le moins de valeur, produite de façon
aléatoire, et sans rapport avec les périodes de besoin critique du réseau. Ceci est vérifié tant en
France que dans les autres pays européens, notamment Allemagne, Espagne, etc… Certaines
compagnies américaines achètent de l’électricité éolienne pour bénéficier des certificats, et ne
l’injectent même pas dans leur distribution, car cela leur couterait trop cher.
Les erreurs s’accumulent au grotesque : Filière artificielle, alibi facile, bilan désastreux : subventions
publiques massives pour fortunes privées rapides, procédé technique hasardeux, rendement
électrique ridicule à moins de 2.5% de la production nationale, accidents étouffés, spéculation
effrénée, optimisation financière et fiscale massive, trafics de commissions internationales, opacité
des reventes massives de certificats qui permettent à de gros pollueurs de continuer leur activité :
on hésite entre Madoff, ententes, corruption, manipulations, et clientélisme à grande échelle. C’est
l’exemple même de ce qu’une chercheuse comme Maya Beauvallet qualifie de « stratégie
absurde »
11
ou de la théorie du « passager clandestin »
12
.
10
Sénat 21 novembre 2009 compte rendu des débats
11
Maya Beauvallet – les stratégies absurdes Seuil 2009
12
Paradoxe du « passager clandestin » de Mancur Olson